jeudi 27 février 2014

Un poste sur le Song Ky Cong...

          L'histoire de la route coloniale n°4, indissociable du drame des colonnes Lepage et Charton, a été marquée tout à la fois par les multiples attaques de convois qui s’efforçaient de ravitailler les positions de la haute région, mais aussi par les assauts menés contre nos postes.

La carte ci-dessous montre le dispositif des postes échelonnés sur la route coloniale n° 4.

 
Carte des postes sur la RC 4
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"


Aujourd’hui, plus de soixante après ces événements, il est malheureusement impossible de retrouver les traces de ces postes car ces derniers étaient bâtis avec des matériaux légers, pour ne pas dire de fortune, qui n’ont pas résisté aux dégâts des combats mais aussi du temps.
Ponctuellement, en fouillant soigneusement dans la végétation, on remarque bien évidemment des levées de terre ou des cavités qui donnent à penser que nos soldats ont vécu là et y ont combattu. Un des soucis toutefois que l’on rencontre dans ces tentatives pour " remonter le temps " est que la guerre sino-vietnamienne de 1979 est venue " polluer " les vestiges laissés par la première guerre d’Indochine. Dans de nombreux endroits, comme notamment aux environs de Dong Khê ou du col de Loung Phaï, on peut voir nettement des positions de combats mais ces dernières ont la plupart du temps été aménagées par les soldats vietnamiens qui abandonnant les localités, s’étaient installés en défense ferme sur les hauteurs afin d'installer leurs " sacs à feu " contre les colonnes blindées chinoises.

Désireux de nous faire par nous mêmes une idée de la question, nous avions donc décidé en 2013 avec Antoine et Bernard d’abandonner le bus qui nous acheminait depuis Lang Son à quelques kilomètres en aval de That Khê, juste au franchissement du Song Ky Cong, car cet endroit était autrefois occupé par une de nos unités. En novembre 2014, afin de montrer certains de ces emplacements à nos camarades Tony et Christophe tout en tachant de compléter nos trouvailles précédentes, nous sommes allés revisiter certains de ces sites...

Le pont sur le Song Ky Cong à quelques kilomètres de That Khê


Ce poste qui contrôlait le pont sur la rivière et les sorties sud de That Khê et était tenu par un effectif approximatif du niveau section, fut attaqué à deux reprises (au moins...) :
- La première attaque eut lieu dans la nuit du 16 au 17 mars 1949 : au cours de cet assaut, le lieutenant Le Gouaille de la 8° cie du II° bataillon du 3° REI, chef de poste, fut tué ainsi que dix de ses hommes sur un total de 34 militaires français et partisans pendant qu'en face, on estime à 80 le nombre de vietminhs tombés au cours du combat auxquels il faudrait ajouter une cinquantaine de blessés. (Réf. Journal de marche et opérations du 3° REI).
Après s'être emparé du poste, le Vietminh procéda à la mise à feu de charges explosives qui détruisirent la travée centrale du pont.
On peut voir sur les photos ci- dessous, les résultats de cette attaque, puis après installation d'une travée métallique, la physionomie du pont jusqu'en octobre 1950 :

  Le constat des dégats
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"

Vue d'ensemble du pont 
(photo prise en direction de That Khê à partir du poste)
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"

Le pont après restauration avec le poste au second plan sur le mouvement de terrain
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"


- La seconde attaque qui se produisit dans la nuit du 9 au 10 octobre 1950, était destinée à empêcher le repli des éléments de That Khê et des débris des colonnes Lepage et Charton en direction du sud... En dépit des mesures prises pour contrôler le pont, ce dernier fut à nouveau détruit par un élément vietminh, obligeant nos unités à entreprendre un franchissement de fortune par bateaux pneumatiques. Cette contrainte supplémentaire occasionna une perte de temps considérable qui pénalisa le 3° BCCP... voire contribua à le condamner. Bien évidemment aucune photo n'a pu être prise du pont après cette seconde attaque... on comprend aisément pourquoi...

Ainsi qu'on peut le voir sur ce croquis extrait du JMO du 3° REI (Illustration "Les combats de la RC 4") le site du poste du pont sur le Song Ky Cong s'organisait en deux secteurs, qui sont respectivement en venant de Lang Son :
- à gauche de la route, un point de contrôle (dit poste intermédiaire) où a été bâtie depuis à la place une stèle commémorative ;
- à droite de la route, le mouvement de terrain sur lequel était implanté le poste lui même, protégé par des levées de terre et des mines.
Ces différentes positions ainsi que les mouvements de terrain à partir desquels les vietminhs ont pris à partie nos soldats, apparaissent clairement sur le croquis décrivant l'attaque du 17 mars 1949 :

© Indo Editions - "Les combats de la RC4"


On notera sur la vue d'époque ci-dessous, qu'une piste en zig-zag à flanc de colline, permettait d'accéder à la position centrale. Des maisons et des cultures occupent aujourd'hui cette zone mais on peut parvenir sans souci au sommet en passant entre les habitations.

Le poste et le pont sur le Song Ky Cong autrefois
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"

La portion centrale du pont avec la tour de guet figurant sur le schéma
(Photo prise en direction de That Khê)
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"

 La stèle à la gloire des soldats vietnamiens tombés lors des combats

Le même mouvement de terrain aujourd'hui sur lequel était bâti le poste principal


A l'issue des combats d'octobre 1950, le pont sur le Song Ky Cong étant détruit, le Vietminh installa très certainement un passage de fortune pour acheminer ses troupes et son ravitaillement en direction du sud et en prévision de l'offensive finale sur Hanoï, dont on peut encore voir les soubassements à demi-immergés :

Les restes d'un pont de fortune sans doute bâti dans les mois suivants l'évacuation de Dong Khê


Par la suite un pont plus élevé, encore utilisé actuellement par les paysans, fut installé :

Le pont intermédiaire

L'ancien pont endommagé par le Vietminh en octobre 1950 est longtemps resté en place jusqu'à ce qu'un pont moderne soit édifié à sa place. Sur la photo ci-dessous on pouvait encore l'apercevoir il y a quelques années :

L'ancien pont des années 50 aujourd'hui démoli
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"
(Photo Collection Estève)

Vestiges de l'ancien pont 

Traces d'impacts ou d'éclats sur les soubassements de l'ancien pont


Enfin, en 2000, fut mis en place l'actuel pont qui se situe dans le prolongement de l'axe routier et qui en toute logique occupe donc l'emplacement de l'ancien pont des années cinquante... : 

Vue sur le nouveau pont sur le Song Ky Cong

La rive sud et les abords du mouvement de terrain

Les traces d'une construction artisanale


S'agissant du poste proprement dit, il ne reste pratiquement plus aucun vestige si ce ne sont des morceaux de briques attestant qu'il y avait là autrefois une construction en dur.
L'édification comme sur de nombreux autres anciens emplacements de postes d'une antenne de télécommunication et de l'abri pour les installations électriques a probablement dû finir de détruire ce que les combats et les années avaient déjà mis à mal...
Invités par une Vietnamienne à nous rafraîchir, en l'occurrence la propriétaire du lopin de terre occupant le sommet du mouvement de terrain, celle-ci nous a confiés qu'elle avait ramassé des étuis de cartouches en cultivant son maïs et qu'il y avait des corps enfouis dans le sol... Il nous a été toutefois impossible d'en apprendre davantage... ni de voir l'un de ces étuis...

Le mouvement de terrain sur lequel était bâti le poste français

Des pentes abruptes à l'époque protégées par des palissades de bambous aiguisés 

Vue sur la rive nord et le cimetière vietnamien depuis l'emplacement du poste

Antoine et Bernard à la recherche des traces du poste...

Quelques briques provenant sans doute du réduit

L'emplacement du réduit 
 Morceaux de briques éparses au pied du bâtiment du relais de transmissions

 La zone autour du réduit

Le  piton du poste vu depuis l'extrémité nord du pont

 Le pont sur le Song Ky Cong et le mouvement de terrain

Gros plan sur le panneau


Afin de compléter cette visite de l'emplacement de l'ancien poste du Song Ky Cong, citons quelques extraits de l'ouvrage de base, à savoir les combats de la RC 4 de G. Longeret, J. Laurent et C. Bondroit - Indo-Edition...
Voici ce que les auteurs écrivent concernant les attaques vietminh contre nos postes à partir de 1949 :
" Pour la première fois sur la RC 4, les vietminhs enlèvent ainsi de vive force des positions occupées par une section de la Légion Etrangère. Ils ont alors mis au point le procédé d'attaque qu'ils continueront d'utiliser par la suite pour tenter de s'emparer des petits postes isolés : deux ou trois canons - 75 de modèle ancien en général - et sans appareil de visée ! - sont mis en place sur des pitons environnant le poste et de même altitude que celui-ci, dans un rayon de 1500 à 2000 mètres, c'est à dire hors de portée des mortiers de 60 des défenseurs. Les tubes sont pointés à vue en direction du poste juste avant les dernières lueurs du jour. Dès la nuit tombée, le tir d'artillerie se déclenche sur les fortifications rudimentaires (murs d'enceinte et blockhaus en troncs d'arbre et terre tassée) qui sont écrasées sous les obus et prennent feu. Les fantassins s'infiltrent ensuite dans les défenses accessoires puis donnent l'assaut par vagues successives."

 La zone de franchissement du 3° BCCP


Alors que nous pensions que la tour qui est représentée sur le schéma à l'extrémité du pont côté That Khê avait définitivement  disparu, en novembre 2014 nous avons redécouvert le soubassement de celle-ci dans un jardin immédiatement en contrebas de la route, au Nord-ouest du pont... Passée inaperçue lors de notre périple précédent, elle a toujours été là depuis plus de soixante ans :

 L'ancien soubassement de la tour nord

 Christophe en pleine ascension...



Une fois franchi le pont sur le Song Ky Cong poursuivons à présent notre route, sac sur le dos, en direction de That Khê situé à quatre ou cinq kilomètres... Ceci devrait nous conduire à passer à proximité de l'ancien aérodrome... celui là même ou "le Baron", alias Guillaume de Fontanges, vint récupérer à la mi octobre avec son Junker, les blessés les plus atteints rendus par les Viets après les combats... dont le lieutenant Faulques...


mardi 25 février 2014

Quelques rappels historiques...

          Bien que l'épopée de l'ex RC 4 soit relativement bien connue de tous ceux qui s'intéressent à l'histoire de la guerre d'Indochine, il m'a paru nécessaire d'insérer dans ce blog un billet récapitulant l'essentiel des évênements qui concernent la région où nous avons effectué notre randonnée.


Plutôt que de réécrire à ma façon un nouveau texte relatif aux évènements des mois de septembre - octobre 1950, j'ai préféré "emprunter" ce rappel à l'article très synthétique rédigé par Jean Philippe Liardet ( http://www.net4war.com/e-revue/dossiers/indochine/RC4/rc4-01.htm ) et intitulé " La RC4 - Indochine 1950" pour présenter le cadre historique auquel je fais référence dans les différents billets que je poste.



" Au cours de l'année 1949, le conflit indochinois change de visage et s'insère plus directement dans le contexte de la guerre froide. Avec la victoire des communistes en Chine, le Viet minh dispose de sanctuaires pour développer ses forces. Il bénéficie des approvisionnement en armes, en munitions et en vivres nécessaires à la conduite d'opérations de plus grande envergure.
L'armée régulière, la Chu Luc, compte désormais 100 000 combattants répartis en 70 bataillons. 36 de ces bataillons forment 4 divisions (Dai Doan). Les forces régionales rassemblent 40 000 hommes en 33 bataillons et 60 000 autres agissant localement. Malgré son échec de Phu Tong Hoa, Giap décide de maintenir la pression sur les postes français au nord du Tonkin. 
En octobre 1948, la RC3 doit être abandonnée, y compris la forteresse édifiée par les légionnaires de la 4e compagnie du capitaine Mattei sur un piton rocheux dominant Ban Cao, une vingtaine de kilomètres au sud-est de Cao Bang. 
Les postes qui s'égrènent sur les 116 kilomètres de la RC4 entre Cao Bang et Langson, apparaissent tout aussi inutiles et vulnérables. Les destructions, les pièges et les embuscades se multiplient, prélevant un lourd tribut sur les convois de ravitaillement, notamment au Nord de Na Cham où la route est encaissée entre des massifs calcaires recouverts de jungle. Protégée par de puissantes fortifications bétonnées et ses légionnaires, Cao Bang reste cependant un objectif trop coûteux à prendre pour le Viet minh.
Son choix se porte sur le gros poste de Dong Khé qui succombe dans la nuit du 26 au 27 sous l'assaut de 3 bataillons. Le 3e BCCP saute directement sur les assaillants. Surpris, ceux-ci perdent 300 tués et décrochent en désordre. 
Après de nombreuses hésitations, le haut commandement français choisit d'évacuer Cao Bang et les postes de la RC4. Une forte colonne de secours doit venir recueillir la garnison de Cao Bang au Nord de Dong Khé. Cependant, le secret de l'opération est mal conservé et Giap décide de frapper le premier.

Dong Khé
Le 16 septembre, 5 bataillons d'infanterie et des armes lourdes encerclent le poste de Dong Khé. La place est gardée depuis le 8 septembre par les 5e et 6e compagnie du 2e bataillon du 3e REI, soit environ 300 hommes soutenus par un canon de 105 et un de 57. 
La préparation d'artillerie ébranle les fortifications malgré l'intervention des kingcobras de l'armée de l'air qui cherchent à museler les pièces ennemies dans l'après-midi. Les " bo doï " montent à l'assaut à 8 reprises et pénètrent dans l'enceinte du poste. La garnison compte déjà 40 morts et 86 blessés. Une violente contre-attaque lui permet de reprendre un peu du terrain perdu. Les combats se poursuivent toute la nuit. Certains blockhaus changent de mains à plusieurs reprises avant d'être définitivement perdu. Le toit de celui du sud-est s'effondre vers 6 heures du matin. Un seul rescapé peut rejoindre la trentaine de survivants acculés dans la citadelle.
Après un dernier message radio à l'aube, les légionnaires résistent encore toute la journée. Le capitaine Jaugeon (ou Vollaire ?) Fait alors distribuer aux 19 légionnaires encore valides les 300 dernières cartouches. Trois groupes tentent de s'infiltrer dans les lignes ennemies sous le couvert de l'obscurité. Cinq jours plus tard, le capitaine Allioux arrive à That Khé avec 8 légionnaires dépenaillés et épuisés. Dans les jours suivants, deux caporaux puis un sergent les rejoignent après s'être évadés. 
85 légionnaires sont morts. 140 autres prennent le chemin de la captivité, blessés ou ensevelis sous une marée humaine. Les pertes ennemies oscillent probablement entre 500 et 800 hommes hors de combat.

Les plans opposés
Malgré la chute de Dong Khé, l'évacuation de Cao Bang par la RC4 est maintenue à la grande colère du colonel Charton, averti au dernier moment par le général Alessandri, lui aussi opposé à l'opération. La garnison comporte le 3e bataillon du 3e REI (600 hommes) du commandant Forget, un bataillon de partisans, une section du génie, une section d'artillerie et 600 goumiers du 3e tabors récemment aérotransportés en renfort. 
Forte de 1 600 hommes, la colonne quitte Cao Bang le 1er octobre après avoir détruit 150 tonnes de munitions et les fortifications de la place. Elle est ralentie par ses véhicules et près de 600 civils qui craignent les représailles du Viet minh et n'ont pu être évacués par avion. Il faut néanmoins parcourir 22 kilomètres sur la RC4 pour rejoindre le groupement Bayard du colonel Lepage fort de 3 500 hommes. Le haut commandement pense ainsi prendre le Viet minh par surprise et constituer une force capable de repousser toutes les attaques.
Après quelques jours passés à That Khe, le colonel Lepage reçoit donc l'ordre de reprendre le poste Dong Khé. Il dispose pour cela du 1er et du 11e Tabor, d'un bataillon de marche du 8e RTM et vient d'être renforcé par l'arrivée du 1er BEP du commandant Segrétain, largué le 17 et le 18 septembre. 28 kilomètres séparent le groupement Bayard de Dong Khé et il faudra en couvrir 6 de plus pour rejoindre la colonne de Charton. Or, pour des raisons de sécurité discutables, le colonel Lepage n'est pas encore informé de cette partie de sa mission. En face, le piège est prêt à se refermer. Protégé par la jungle, le Viet minh engage sans éveiller l'attention les régiments 36, 88, 99, 165, 174, 175, 209 et 246 mais aussi la brigade 308 (La fameuse " brigade de fer ", unité d'élite bientôt transformée en division.) Et des unités régionales, soit au total une trentaine de bataillons dont 6 ou 7 d'armes lourdes. 
Pour diriger cette masse de 20 000 hommes, Giap dispose pour la première fois de moyens radios. La réaction française, lente et prévisible, lui permet de concentrer l'essentiel de ses moyens sur la zone d'opération et de monter une gigantesque embuscade.

Echec à Dong Khé
Le 1er octobre, le groupement Bayard approche de la cuvette de Dong Khé après avoir occupé le poste de Na Pa, abandonné par l'ennemi. Le peloton d'élèves gradés du lieutenant Faulque ouvre la marche. Vers 16 heures, après un bref accrochage, il fonce vers Dong Khé, distant d'à peine un kilomètre, entraînant le reste du BEP à sa suite. 
Mais alors que les légionnaires commencent à descendre dans la cuvette, les Viets déclenchent un tir nourri d'armes automatiques et d'armes lourdes. Vers 17 heures, les parachutistes sont cloués au sol par les unités installées sur les crêtes avoisinantes. Toutefois, le poste lui-même semble faiblement occupé et le commandant Segrétain pense qu'il est possible d'emporter la décision avant la nuit. Le colonel Lepage opte pour la prudence et décide de remettre l'attaque au lendemain avec l'appui de l'aviation. Ce premier combat coûte 30 tués au BEP.
Le 2 octobre à l'aube, le groupement Bayard tente une attaque en tenaille pour occuper les hauteurs qui entourent Dong Khé. Les tirailleurs et le 1er Tabor doivent progresser par l'ouest, le 1er BEP et le 11e Tabor par l'est. Les Viets se sont considérablement renforcés dans la nuit et bloquent tous les axes d'attaque. A midi, malgré quelques progrès obtenus au prix de lourdes pertes, il devient vite évident que l'opération doit être abandonnée, d'autant plus qu'une météo défavorable a interrompu l'appui aérien.
Plus grave encore, les avions d'observation ont aperçu d'autres unités Viet minh en marche pour rejoindre les champs de bataille. Le colonel Lepage ordonne un retour vers That Khé, où le 3e BCCP (bataillon colonial de commandos parachutistes) vient de sauter en renfort, quand un message lancé par avion lui apprend l'évacuation de Cao Bang et sa mission de recueil. L'ordre vieux de deux jours est alors totalement inapplicable. Lepage décide donc de contourner Dong Khé par l'ouest en empruntant l'ancienne piste de Quang Liet puis de rejoindre Charton sur la RC4, une quinzaine de kilomètres plus au nord. Il laisse le BEP et le 11e Tabor au sud de Dong Khé pour fixer l'adversaire. 
Si cohérent qu'il puisse paraître, ce plan est dès le début voué à l'échec en raison de l'énorme supériorité numérique des Viets. Les unités qui se tournent à l'ouest de la RC4 doivent progresser dans une jungle épaisse et accidentée où les communications radios sont difficiles et l'ennemi omniprésent. Les Viets se contentent en effet de masquer la position du BEP à Na Pa et poursuivent les hommes de Lepage. Le 2 octobre, en fin d'après-midi, ils attaquent en force, balayant une compagnie entière du 8e RTM. 
Pendant ce temps, près de la RC4, les goumiers du commandant Delcros sont chassés de Na Kéo après des combats d'une rare violence où l'ennemi n'est pas comptable de ses pertes. Le commandant Segrétain ne dispose déjà plus que de 500 à 600 légionnaires-parachutistes sur un effectif initial de 800. Plutôt que d'être pris au piège dans la cuvette, il choisit de contre-attaquer pour prendre les hauteurs environnantes et de fournir une diversion susceptible de desserrer l'étau autour des troupes de Lepage.
L'assaut commence dans l'obscurité avec le soutien des goumiers rescapés. Tout d'abord surpris, les Viets se reprennent et déciment les légionnaires. Ceux-ci continuent néanmoins à avancer. Puis la progression devient impossible devant la formidable puissance de feu déployée par l'ennemi. Le commandant Segrétain ordonne à ses hommes de s'accrocher à la mi-pente. Avec le commandant Delcros, il informe par radio Lepage de son intention de décrocher peu avant l'aube. Celui-ci fini par accepter mais demande au BEP de le rejoindre.
Segrétain et Delcros décident de faire un détour par le col de Lung Phaï pour faire évacuer la centaine de blessés par les goumier encore valides. La colonne commence à peine à s'engager sur la route que les Viets la submergent. Les goumiers sont abattus ou dispersés et la plupart des blessés achevés. Les survivants refluent vers le BEP qui fonce droit devant lui. Une trentaine de légionnaires tombent mais les autres réussissent à se dégager. Le 3 octobre en fin de journée, les 400 survivants du BEP et quelques goumiers atteignent la côte 765, située à deux kilomètres au sud-ouest de Dong Khé. Ils sont fatigués et manquent de munitions mais leur calvaire ne fait que commencer.

Le piège se referme
Entre-temps, la situation du reste de la colonne de secours n'a cessé de se dégrader. L'ennemi semble partout. Depuis le poste de commandement de Langson, le commandement français envoie Charton à son secours par la piste de Quang Liet. Lepage décide alors de se retrancher dans la cuvette de Coc Xa qu'il estime plus facile à défendre. Le BEP rejoint les crêtes dominant la position de Lepage qui lui ordonne de descendre le rejoindre puis accepte que l'opération se fasse de jour et enfin préfère le laisser sur sa position toute la journée !
Charton ne reçoit ses nouveaux ordres que le 4. Il détruit ses véhicules et ses armes lourdes puis perd du temps pour trouver l'entrée de la piste, abandonnée depuis de nombreuses années. Toute la journée du 4, la progression est lente car il faut ouvrir la route au coupe-coupe. 
A Coc Xa, Lepage ordonne finalement au BEP de le rejoindre sans tarder dans la cuvette. Les légionnaires doivent descendre une pente abrupte de 300 mètres dans l'obscurité. Une dizaine de légionnaires se tuent en tombant dans le vide, d'autres succombent aux coups des Viets qui s'infiltrent dans leurs rangs. A l'aube, ils ne sont guère plus de 300 autour de leur commandant.
A peu près au même moment, le 3e bataillon du 3e REI débouche dans la vallée de Quang Liet et se trouve immédiatement accroché par l'ennemi. Charton doit déborder par les crêtes pour que la colonne puisse poursuivre sa marche. A la tombée de la nuit, il établit enfin un contact radio direct avec Lepage et prend connaissance de la gravité de la situation. Pourtant la jonction ne peut s'effectuer le lendemain. Le terrain plus que l'ennemi ralentit la marche d'une colonne de plus en plus étirée. Dans la soirée du 6, le 3e bataillon de la Légion atteint seulement la cote 590 après de sévères combats d'arrière-garde. 
Lepage a pris le commandement des deux forces dans l'après-midi du 6 et donne l'ordre à Charton de l'attendre, alors même que celui-ci pense pouvoir faire sa jonction avec les renforts en provenance de That Khé. Une nouvelle fois, Lepage place tous ses espoirs dans le BEP et lui demande d'ouvrir la voie à l'ensemble du groupement Bayard. C'est une mission suicide. L'assaut commence vers 3 heures du matin. Les légionnaires doivent affronter une muraille de feu. Epuisés, à court de munitions, ils progressent quand même en lançant les dernières grenades, baïonnette au canon ou couteau à la main. Au bout de quelques minutes, il ne reste que 110 hommes valides sur 300 et l'ennemi. Rendus fou de terreur, les Marocains foncent alors droit devant eux. Tirant indistinctement sur les légionnaires et les Viets, ils réussissent enfin à forcer le passage. Le groupement s'engage en désordre dans la brèche, perdant toute cohésion et une grande partie de ses effectifs.
Désormais, les Viets sont en place pour l'assaut final. Giap a rassemblé une quinzaine de bataillons et des armes lourdes autour des Français. Dès 6 heures du matin, des mortiers pilonnent les positions de Charton puis les pitons avoisinants sont enlevés un à un. Ordre est donné au 3e bataillon d'ouvrir la route vers That Khé en passant à l'ouest de la côte 477, toujours tenue par le 3e Tabor. Les légionnaires prennent un premier piton mais échouent devant un second où l'ennemi engage sans cesse de nouvelles troupes. Blessé à la cuisse, au bassin, à la poitrine puis à la tête, le commandant Forget tombe à la pointe du combat qu'il n'a pas quitté depuis le début de l'attaque. Ces derniers mots avant de mourir seront pour ses hommes : " Je meurs fier de mon bataillon ".
Le colonel Charton effectue deux tentatives de débordement infructueuses par l'ouest. L'arrivée des rescapés du groupement Bayard provoque un désordre général. Lepage et ses derniers officiers essayent vainement de reprendre le contrôle de leurs troupes quand les Viets s'emparent de la côte 477 qui domine les positions françaises. 
Charton ordonne aux légionnaires de fixer l'ennemi et entraîne avec lui une poignée d'officiers et des éléments épars pour reprendre la côte 477. Blessé à plusieurs reprises, il finit par tomber aux mains de l'ennemi. Certains éléments réussissent cependant à s'échapper pour rejoindre le groupement Labaume parti de That Khé et arrivée sur la côte 608, 2 ou 3 kilomètres au sud-est. Le 3e BCCP du capitaine Cazeaux n'est pas loin non plus. En fin de séjour, il ne comporte plus que deux grosses compagnies. On lui adjoint la compagnie de marche du lieutenant Loth, formée d'un renfort de légionnaires initialement prévu pour le 1er BEP.
Pour le reste des colonnes Lepage et Charton toute résistance organisée est désormais impossible. Lepage et ses officiers optent pour une percée par petits groupes. Au total, 12 officiers et 475 hommes réussissent à rejoindre That Khé directement ou avec l'aide des éléments envoyés en renfort. Le capitaine Jeanpierre, les lieutenants Marce et Roy et 20 légionnaires du BEP et du 3e REI sont parmi les rescapés. 
L'évacuation de Dong Khé commence le 9 octobre à la tombée du soir. La 4e compagnie du 3e REI est accrochée en couvrant le passage de la rivière. Le 3e BCCP la franchit à son tour le 11 octobre à 7 heures 30. Talonné par les Viets et bientôt morcelé, il ne pourra éviter une destruction quasi-totale.

Un bilan catastrophique
La 2e compagnie du 1er bataillon tient encore Na Cham. Le capitaine Mattei a fait hisser dans les falaises calcaires environnantes les pièces d'artillerie laissées à sa disposition par le groupement Bayard. Avec de maigres renforts, il va conserver ses positions plusieurs jours encore, recueillant les derniers rescapés du drame.
Malgré l'absence de menace, Langson est évacuée dans la précipitation. Le 2e bataillon du 5e REI forme l'arrière-garde. En quelques jours, le Corps expéditionnaire vient de perdre 4 800 tués ou disparus et 2 000 blessés sans compter un important matériel : 13 canons, 450 véhicules, 120 mortiers, 940 mitrailleuses, 1 200 fusils-mitrailleurs et 8 500 fusils.
Le haut commandement, la troupe et l'opinion publique prennent brutalement conscience que le conflit s'est transformé en une véritable guerre. La Légion, jusqu'à présent engagée avec succès contre le Viet minh, essentiellement dans le sud du pays, est abasourdie par la complète destruction de deux de ses bataillons parmi les plus solides.
Le corps expéditionnaire français se trouve désormais dans l'obligation de mener une véritable guerre. Le 17 décembre 1950, le général de Lattre de Tassigny arrive en Indochine avec les pleins pouvoirs civils et militaires. Pour la première fois depuis le début du conflit, une véritable stratégie va être mise en place."


La bataille de Dong Khê
(Croquis extrait de l'article de la revue Trait d'Union)
Commémoration du cinquantième anniversaire des combats de la Rc 4


J'espère pour terminer que l'auteur de cet article, si d'aventure il venait à ouvrir mon blog, ne s'offusquera pas du fait que je l'ai repris entièrement... Si tel était le cas il est évident que je supprimerai ce billet.

lundi 24 février 2014

La RC 4 entre Na Cham et le col de Lung Vaï

          A partir de Na Cham la RC 4 entrait véritablement dans sa partie la plus exposée. Un certain nombre de postes avaient été positionnés puis progressivement repliés ou perdus en raison de la pression ou des attaques du Viet Minh.


A quelques kilomètres au nord de Na Cham, on franchit le col des Ananas qui n'est en fait qu'une montée sans prétention au regard de ce que sera par la suite le col de Lung Phaï. C'est au niveau de ce col que le capitaine Mattéï se rendit le 6 octobre 1950 pour régler les tirs d'arrêt des deux 105 HM2 dont il disposait directement sur le poste qu'occupait un de ses chefs de section, le lieutenant Jaluzot.
Ceux qui veulent lire le détail de ce combat peuvent se reporter au récit fait par cet officier en allant sur le site :  http://amalep.free.fr/aalep/anciens/indochine/bocung.htm
Les photos d'époque et les croquis sont d'ailleurs extraites de ce document beaucoup plus instructif que le récit romancé fait par Paul Bonnecarrère dans son livre "Par le sang versé"...

Même si une fois n'est pas coutume, il n'y a aujourd'hui aucune antenne à l'ancien emplacement du poste français, ce dernier a été relativement facile à localiser grâce aux renseignements apportés par le récit du lieutenant Jaluzot et à l'utilisation de Google Earth :

Le poste de Bo Cung le 6 octobre 1950
@ Collection Jaluzot - amalep


Les coordonnées du piton sur lequel s'élevait le poste sont globalement les suivantes : 22° 05' 21" N et 106° 35' 22" E. Voici une vue Google Earth permettant de le localiser, deux cent mètres environ au Nord du pont sur le talweg :



Voici comment se présentait le poste en 1950 et tel qu'est aujourd'hui l'emplacement :

Le piton vu du pont autrefois
@ Collection Jaluzot - amalep

Le piton vu du pont aujourd'hui

Le poste vu depuis l'ex RC 4 / QL 4 

Sur les deux photos ci-dessous, prises sensiblement au même endroit et à presque soixante cinq ans d'intervalle on voit au premier plan le pont que contrôlait le poste de Bo Cung et en fond de tableau, sur la gauche,  la ligne de crête qui s'affaisse au niveau du col des ananas ; c'est de cette position que le capitaine Mattéï dirigea les tirs sur la position du lieutenant Jaluzot pour éviter que le poste submergé par le Vietminh soit perdu :

Le pont vue du poste autrefois
@ Collection Jaluzot - amalep

Le pont vue de l'ancien poste aujourd'hui


Sur la photo d'époque ci-dessous on remarque que l'accès au poste s'effectuait en empruntant une piste en lace qui partait de la RC 4. Aujourd'hui encore, il est possible de retrouver la trace de cette piste dont on distingue clairement le tracé sur la seconde vue :

La piste d'accès en lacet
@ Collection Jaluzot - amalep

Les traces de la piste en lacet

Voici pour terminer, comment s'organisait cette position en grande partie enterrée, ce qui lui permit de supporter les tirs : 

L'organisation du poste
@ Collection Jaluzot - amalep / indo-editions

Une coupe du poste
@ Collection Jaluzot - amalep / indo-editions

Les vestiges de l'enceinte et ci-dessous les emplacements de combat

L'évacuation du poste ayant eu lieu sous la pression quelques jours seulement après le combat et en dépit de l'inévitable fouille de récupération pratiquée immédiatement par le Vietminh, il est probable qu'en recherchant et en fouillant on retrouverait des vestiges de l'occupation française, probablement enterrés dans les sous-sols...


Quittant à présent le poste de Bo Cung en direction du nord et de That Khê, on se dirige ensuite vers le col de Lung Vaï, à ne pas confondre comme l'ont fait certains auteurs de "romans historiques" avec le col de Loung Phaï qui lui se situe par contre entre That Khê et Dong Khê...

That Khê à 30 km




That Khê à 28 km



That Khê à 27 km


 That Khê à 26 km



That Khê à 25 km

 That Khê à 23 km

Le poste disparu du col de Lung Vaï se situait sur la hauteur en face, au carrefour de la route de Bi Nhi menant vers la frontière chinoise et de la RC 4, au niveau de l'antenne de la photo ci-dessous : une DZ existait à proximité du poste (à l'Est du poste) :



Cherchant à retrouve ce local que nous estimions faire partie du poste nous entamons alors l’ascension du piton en le contournant par l'Est... :





La densité de la végétation, le relief, la pluie et le brouillard qui est tombé ne nous permettront pas d'atteindre la zone des antennes... Pour autant nous finiront par retrouver des traces de tranchées encore visibles sans pouvoir, une fois de plus déterminer si elles sont des années cinquante ou de 1979, sachant que cette dernière date semble la plus plausible dans ce cas de figure :



De retour au carrefour de la QL 4 et de la route de Bi Nhi, nous finissons par nous apercevoir que la maison que nous cherchions n'est pas un bâtiment du poste mais tout simplement une guérite de contrôle située à quelques mètres de... l'endroit où nous avions laissé nos sacs... 



De quoi être un brin désemparé... Si Antoine noie son dépit dans le café, en ce qui me concerne la colère me fera oublier mes bâtons de randonnée dans ce boui-boui sympathique... Ceci m'obligera à revenir en arrière sur une dizaine de kilomètres en faisant du camion - moto stop et me permettra de constater que si le Vietnam est le pays des arnaques en tous genres c'est aussi dans les coins reculés une population d'une grande gentillesse, prête à rendre service aux randonneurs...





En résumé, la découverte du poste de Lung Vaï ce sera pour une autre année... c'est bien d'ailleurs notre seul échec du séjour... mais il est temps de poursuivre en direction du Nord...


Après le carrefour de Bi Nhi, l'ex RC 4 / QL 4 passe à hauteur des postes disparus de Ban Be, de 41 ouest, 41 Est et 45, avant de redescendre vers le défilé de Déo Cat :


La montée du col de Lung Vaï


C'est au niveau du défilé de Deo Cat qu'entre le 12 et le 14 octobre 1950,  le 3° B.C.C.P. et la compagnie LOTH qui se repliaient vers le sud après l'abandon de That Khê, ont du abandonner la RC 4 pour tenter vainement de déborder le bouchon tenu par le Viet Minh.

Très souvent on présente la zone ci-dessous comme étant le défilé de Déo cat où eut lieu l'embuscade contre l'élément post curseur des troupes qui évacuaient That Khê :
Le secteur supposé du défilé de Déo Cat
(Photo Blog Guy Passelande)

© Indo Editions - "Les combats de la RC4"
(Photo aérienne ECPAD)


Ces deux photos ci-dessus, l'une fournie par notre ami Guy Passelande et l'autre provenant du fond ECPAD et reprise dans le livre de Bondroit - Longeret - Laurent représentent en fait un secteur situé environ 6 kilomètres plus au nord de Déo Cat, pas très loin du pont de That Khê comme on peut le voir sur cette vue Google Earth :



Voici l'emplacement erroné de l'ancien poste de Déo Cat, vue prise en novembre dernier  à l'emplacement couvert par la photo aérienne ECPAD :

Le "faux" Déo Cat


Voici l'emplacement réel de l'ancien poste de Déo Cat, sur lequel comme partout les Vietnamiens ont élevé des antennes relais : 
Le "vrai" Déo Cat


Les coordonnées de l'emplacement exact sont globalement les suivantes : 22° 09 ' 03" N et 106° 33' 45" E. L'accès à la position de l'ancien poste est très facile : il suffit d'emprunter la petite piste en terre partant de la route et montant à flanc de coteau jusqu'à une petite scierie.



 Le pont contrôlé par l'ancien poste


Remarquablement positionné par les Français mais malheureusement perdu en mars 1949 et non réoccupé, alors même qu'il commandait un point de passage obligé pour la colonne Le Page (à l'aller) et pour les éléments évacués de That Khê (au retour), ce poste a interdit le franchissement de l'arrière garde française. 
Très sérieusement accrochés lors du repli de That Khê dans le défilé de DEO CAT fortement tenu par les Viets qui avaient occupé les postes abandonnés depuis le 12 octobre, les derniers éléments du 3° BCCP furent décimés lors de différents accrochages dans le massif boisé situé à l'est de Déo Cat.
Voici le croquis du combat extrait du livre "Les combats de la RC 4" de Bondroit - Longeret - Laurent permet de resituer la zone de l'accrochage par rapport aux photos :

Le shéma du combat
© Indo Editions - "Les combats de la RC4"
(Photo collection Mourier)


Pour resituer ce croquis par rapport au terrain d'aujourd'hui, il faut savoir que le tracé de l'ancienne route a été modifié : si l'ancienne RC 4 suivait le cours de la rivière en contournant un petit massif, désormais la QL 4 actuelle coupe à travers ce massif en empruntant une vaste tranchée ouverte :

 Le tracé de l'ancienne RC 4 (à gauche) et de la QL 4 actuelle (à droite)


L'ancienne RC 4 est toutefois en relatif bon état même si elle est empierrée visible car elle dessert un petit hameau implanté en bordure de rivière :

 L'ex RC 4 : vue prise en direction du Nord

 L'ex RC 4 : vue prise en direction du sud


C'est précisément au débouché de l'ex RC 4 sur le poste que les éléments du détachement du capitaine Cazaux furent pris à partie à partir du piton et de ses alentours : 




L'assaut du piton par la compagnie Loth échoua dans la zone comprise entre le coude de route et le poste :


L'angle de la route était balayé à la fois par des armes installées dans l'ancien poste (emplacement de prise de vue) et par une arme automatique postée de l'autre côté de la rivière, interdisant un débordement par l'Ouest à travers le glacis :






Ne parvenant ni à s'emparer de la position ennemie ni à déborder par l'Ouest, le 3° BCCP et la compagnie Loth s'engagèrent vers l'Est en s'enfonçant dans les massifs boisés que l'on aperçoit ci-dessous ; perdus dans les forêt de bambous, coincés par les escarpements rocheux et pénalisés par une météo défavorable ils furent encerclés par l'ennemi sans parvenir à rejoindre le poste de Lung Vaï dont ils n'étaient pourtant guère éloignés :

Les massifs au Nord-est de l'ex RC 4

 Les massifs à l'Est de l'ex RC 4


En montant sur le piton on retrouve quelques traces du passé comme des restes de maçonnerie et le fossé d'une tranchée, visiblement d'époque pensons nous, devant laquelle Tony, Antoine et moi posons : 

 Vestiges de l'ancien fortin Gallieni

Là on a trouvé !

La tranchée qui fait le tour de l'ancien poste




Après Deo Cat la route continue jusqu'au pont sur le Song ky Kung où se situait autrefois un poste qui fera l'objet du prochain billet.